Drainage Lymphatique Manuel pour le cancer du sein

Point de vue de Marc Descombes, expérience de terrain – Kinésithérapeute à Voiron – 38

NB: Le nom de la patiente a été choisi par hasard pour humaniser Madame X.

La famille Ambaud vit heureuse. Les parents et les enfants pratiquent beaucoup d’activités physiques. La vie se déroule pleine de bonheur malgré les petits soucis quotidiens.

Un matin, au cours de sa toilette, madame Ambaud sent une petite induration dans son sein gauche.

Inquiète, elle consulte son médecin et après une mammographie, le diagnostic tombe : une tumeur à enlever.

Madame Ambaud est abasourdie, le sol se dérobe sous ses pieds, tout s’assombrit dans sa vie.

S’ensuivent une ablation du ganglion sentinelle et une tumorectomie.

Au réveil, elle a du mal à mobiliser son épaule gauche. Le personnel environnant la dissuade de trop bouger.

C’est à ce moment qu’intervient le masseur-kinésithérapeute qui va devenir son soutien pour vivre les différentes épreuves. Il aura un rôle technique mais surtout il devra informer, prendre en charge cette patiente jusqu’à la fin des traitements.

D’abord, il explique que cette raideur de l’hémicorps gauche n’est que le résultat d’une autoprotection du sein : élévation de l’épaule-coude contre le corps, avant-bras fléchi et placé sur le sein. Se présentant comme le spécialiste de cette région du corps, il va détendre sa patiente et en 10 minutes de Drainage Lymphatique Manuel (DLM), il va libérer l’articulation d’une dizaine de degrés. Nul n’est besoin de faire des exercices et une autre séance de DLM le lendemain avant la sortie fera gagner encore, montrant à la patiente que son épaule ne se bloque pas mais qu’elle la bloque.

A la sortie de l’hospitalisation, avec une ordonnance du médecin-généraliste, la libération des amplitudes pourra se poursuivre. Le kinésithérapeute pourra alors informer sa patiente sur les rôles du système lymphatique (élimination de 80% des déchets tissulaires et protection immunitaire). Il donnera des éléments sur l’hygiène de vie à adopter (à vie) après cette intervention : éviter les blessures au membre supérieur du côté opéré, ne plus faire de prise de tension, ni garrot, ni vaccin, ni d’acupuncture de ce coté.
Pendant cette période, il peut apparaitre sur le bras des « cordes ou brides » signant la présence de thromboses lymphatiques superficielles qui empêchent l’élévation et l’extension du membre supérieur. Une technique très douce permet de faire disparaitre ces dernières. Un travail de relaxation, une écoute sont indispensables car c’est une période d’attente de futurs traitements agressifs : c’est l’inconnu pour la patiente.

Les résultats des analyses biologiques annoncent une radiothérapie ou, horreur, de la chimiothérapie. Le kinésithérapeute peut accompagner sa patiente dans la chimiothérapie en faisant un Drainage Lymphatique Manuel de tout le corps la veille du traitement pour que le corps élimine ses toxines avant de recevoir les produits agressifs de la chimio.

Pendant ce long temps le travail du kiné consiste en :

  • une continuation du travail sur la peau car la chimio l’abime et le DLM est d’un grand secours.
  • une information sur les possibilités de prothèses mammaires externes, sur les sous-vêtements, et d’autres accessoires.
  • une mise en contact de la patiente avec des lieux conviviaux et très documentés sur toutes les aides
  • esthétiques (ongles-perruques-soins esthétiques). De plus en plus de villes en possèdent comme « Sc Concept » à Grenoble.

La radiothérapie est un traitement où la kinésithérapie a un grand rôle. La médecine a négligé l’information sur les effets des rayons sur la peau (peau radique =peau brûlée), et annonce toujours que tout se passe très bien à part cas extrêmes. En fait, les échauffements très intenses à partir du 20e jour environ et les brûlures ne sont pas rares (elles commencent quelquefois après la fin des rayons!). Dans nos campagnes et maintenant en ville les patientes vont voir les rebouteux « leveurs de feu » qui sont extraordinairement efficaces (mes conclusions au bout de 15 ans de travail sur le cancer du sein).

Mais, là encore, le kinésithérapeute peut intervenir par un travail cicatrisant par Champs Magnétiques Pulses Basses Fréquences de type MAGNOMEGA, accompagné du DLM sur tous les territoires irradiés. Ce traitement permet à la peau de rester dans la meilleure santé possible dans l’éventualité d’une reconstruction mammaire.

La kinésithérapie est le soin de support idéal pour faire passer le corps et le moral de la patiente de la chirurgie à une envie de revivre.

Le but de la kinésithérapie : redonner à la patiente la meilleure qualité de vie le plus rapidement possible. Alors, elle pourra reprendre des activités physiques, du sport:

  • Pilates
  • Art-thérapie
  • Xi-qong…

Ce que je viens de vous écrire est le résultat de 18 années de travail de kinésithérapie sur le Cancer du Sein. Ayant appris le DLM en 1988 alors que j’étais passionné des traitements de l’épaule, j’ai pratiqué cette technique sur le lymphoedème et j’ai essayé d’appliquer toutes les techniques kinésithérapiques sur les autres aspects (peau-raideurs-relaxation-contact humain).

J’ai eu la chance de travailler dans une petite clinique près de Grenoble : la Clinique de Chartreuse à Voiron (38). Là le Dr VOILIN – chirurgien – est persuadé de l’efficacité de la kinésithérapie et de son caractère indispensable dans le traitement du cancer du sein dès le lendemain de l’intervention.